Piscines parisiennes en grève, les explications

10 janvier 2013Société

Photo : Mathieu Marquer/Flickr

Les usagers des piscines parisiennes ont trouvé porte close ce jeudi 10 janvier 2013. La raison, une journée « piscine morte » organisée par les maîtres nageurs sauveteurs (MNS) en ce jour de comité technique paritaire pour rappeler leur mécontentement.

Ida Cohen, secrétaire générale du syndicat des cadres CGT, explique les raisons de cette grève.

Le mouvement social a démarré en mai 2012 et il est la raison pour laquelle des piscines municipales sont parfois fermées entre 7h et 8h le matin. La principale raison est le désir des MNS d’assurer les cours de natation des enfants des écoles élémentaires (du CP au CM2). Pour Ida Cohen, il s’agit de « reconnaître le professionnalisme » des MNS :

Autourdemontparnasse.fr : La Ville de Paris vous reproche d’opposer deux corps de métier, les maîtres nageurs sauveteurs (MNS) et les professeurs de la Ville de Paris (PVP). Pourtant ce sont des gens qui travaillent au quotidien ensemble puisque derrière chaque PVP, il y a un MNS pour assurer la sécurité. En quoi cette cohabitation n’est-elle pas satisfaisante ?

Ida Cohen : Les PVP sont des gens qui n’ont pas réussi à avoir leur CAPES ou leur agrégation pour enseigner. Ils l’ont passé mais ils ne l’ont pas eu. Leur travail est de relayer les professeurs des écoles pour enseigner les arts plastiques, la musique et le sport.

Par dérogation, ils interviennent aussi dans les piscines. Ils apprennent à nager aux enfants. Mais ils doivent être doublés par un MNS car du fait de leur diplôme, les MNS sont les seuls habilités à plonger pour sauver quelqu’un qui se noie. Si un PVP voit un enfant en difficulté, il doit aller chercher le MNS, c’est une perte de temps dangereuse.

Les MNS demandent à faire de la natation scolaire. Ils ne veulent pas seulement faire de la surveillance, ils veulent qu’on reconnaisse le cœur de leur métier. En plus, ils ne demandent pas plus d’argent pour l’exercer, et ça coûterait moins cher à la Ville de Paris : Les MNS sont des agents de catégorie B, leur salaire est moins élevé que les PVP, de catégorie A.

« Du boulot, il y en a »

Certains élus nous disent : « Les PVP, c’est une rolls. On n’en a pas forcément besoin. Ailleurs, ce sont les professeurs des écoles qui font ces activités dévolues aux PVP à Paris. »

Mais on ne cherche pas à les licencier, ils continueront à enseigner l’éducation physique. Surtout qu’avec la réforme Peillon, du boulot, il y en a. À la rentrée 2013, on demandera même au PVP de faire des heures supplémentaires car, comme partout, les départs ne sont pas remplacés et ils sont en sous-effectif. Nous, on veut que les MNS remplacent petit à petit ces PVP qui partent à la retraite.

La mairie joue le pourrissement du conflit alors qu’il faut qu’on se mette autour de la table avec la mairie et les PVP. Mais le maire de Paris ne veut pas lâcher les PVP car ils constituent sa base électorale et puis Hollande a promis d’embaucher des profs. Après les municipales de 2014, il les lâchera.

Parmi les autres revendications des grévistes :

  • « Le ménage, c’est-à-dire la vidange de la piscine et le nettoyage autour du bassin, est une tâche qui devrait être dévolue aux agents techniques et non à un personnel de catégorie B. La matinée consacrée à ce ménage devrait ainsi être libérée pour permettre aux écoles de réserver également le lundi matin. »
  • « Entre les chloramines, les problèmes de ventilation et les piscines vétustes, les MNS sont touchés par des problèmes de santé et ils ont souvent des cancers de la prostate, ils ne vivent pas vieux. Un grand plan a été mis en place par la Ville de Paris pour refaire les piscines mais en attendant, on voudrait que soient faits des petits travaux comme changer les filtres. Au-delà du personnel, cet impératif de santé touche aussi les bébés nageurs. »
  • « Les MNS donnent des cours particuliers pour le compte de la mairie de Paris. 60 à 70% des revenus leur sont reversés. Seulement, cela remplace en fait la prime du régime indemnitaire dont ils ne bénéficient pas contrairement à d’autres corps de métier de la fonction publique. Ils veulent donc bénéficier de 100% de ces revenus. »

 

Photo à la une : Mathieu Marquer / Flickr CC.

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